RX&SLAG, Paris

Paul Wesenberg

Found new paradise

À l’occasion de sa troisième exposition personnelle à la galerie RX&SLAG Paris, l’artiste berlinois Paul Wesenberg présente un nouveau corpus de peintures réunies sous le titre « Found new paradise ». Cet accrochage fait suite à Half Past Paradise, présentée en 2024 à la galerie SLAG&RX de New York. Ces deux expositions partagent une même source d’inspiration poétique : Water from Another Source, un poème de Barry Schwabsky, également critique d’art influent, qui agit comme un fil conducteur discret dans l’œuvre récente de l’artiste.

Pour P. Wesenberg, la notion de « paradis » est un des archétypes les plus anciens et les plus universels de l’histoire culturelle de l’humanité. Elle transcende les époques, les croyances et les civilisations, incarnant tour à tour la promesse d’un au-delà, la nostalgie d’un âge d’or ou encore l’aspiration à un état de paix intérieure. Cette mémoire collective du paradis, l’artiste la traduit en peinture, dans une langue plastique à la fois sensorielle et énigmatique, faite de fragments visuels, d’intuitions lumineuses, et de matières superposées.

Influencé par la Nouvelle École de Leipzig — un courant artistique né dans l’Allemagne réunifiée des années 1990 — Paul Wesenberg appartient à une génération d’artistes qui se libèrent des discours programmatiques pour explorer une peinture en constante mutation. À l’instar de ses contemporains, il mêle éléments figuratifs et abstraits sans hiérarchie, cherchant une forme d’équilibre dynamique entre le lisible et le trouble, entre la surface et la profondeur.
Ses œuvres sont construites comme des territoires, des paysages intérieurs traversés par des tensions visibles.
L’œil s’y attarde sur des taches de soleil, des reflets aquatiques, des feuillages obscurs, parfois sur la silhouette d’un animal — souvent un léopard — dont les yeux miroitent dans une pénombre verdoyante. Ces apparitions floues, presque spectrales, émergent de la matière picturale comme des souvenirs, des visions fugitives d’un ailleurs imaginé.

La peinture de P. Wesenberg repose sur une dialectique entre maîtrise et lâcher-prise. Les gestes sont amples, les strates multiples. Chaque toile porte les traces de son élaboration : grattages, recouvrements, effacements. Tel un archéologue, il fouille la surface de la toile, en révèle les couches enfouies, exhume des formes oubliées. C’est dans ce dialogue constant entre concrétion et dissolution que se joue l’énergie de son travail. Il ne s’agit pas de représenter le paradis, mais d’en suggérer la sensation, de faire affleurer ce que serait une « sérénité éternelle », non pas comme une certitude, mais comme une possibilité offerte au regard.

Found new paradise n’est donc ni un manifeste ni une utopie, mais un espace pictural ouvert, un lieu d’expérience perceptive où se croisent mémoire, lumière et imaginaire. C’est un paradis qui ne se donne pas tout entier, mais qui se laisse entrevoir par fragments, dans le silence vibrant d’une peinture qui pense autant qu’elle ressent.