SLAG&RX New York

Yumiko Ono

Mythopoeia

La galerie SLAG&RX est heureuse de présenter Mythopoeia, une exposition personnelle de Yumiko Ono mettant en avant son installation Nebula.

Dans Mythopoeia - un terme d’origine grecque hellénistique signifiant la création de mythologie - Yumiko Ono propose des céramiques, dessins et textiles aux motifs architecturaux qui gravitent autour du thème central des corps célestes. Les constellations occidentales, influencées par la Mésopotamie et codifiées plus tard dans la Grèce antique, contrastent avec les cartes stellaires développées indépendamment dans la Chine ancienne. En Asie de l’Est, la Voie lactée est perçue comme un fleuve séparant deux amants ; en Occident, comme un flot de lait émanant d’une déesse grecque. Les constellations chinoises reflètent une cosmologie impériale, tandis que celles de l’Occident représentent souvent des figures et animaux mythologiques. Bien que les corps célestes soient visibles par tous, leurs interprétations varient profondément selon les cultures. Cette exposition cherche à relier ces « points » célestes et visions du monde à travers le regard d’Ono, entremêlant des mythologies, des histoires et des architectures distinctes mais résonnantes — à l’image des étoiles formant des constellations.

La pratique artistique de Ono s’articule autour de la construction d’architectures fictives, en utilisant des matériaux anti-architecturaux tels que le papier, la céramique et le textile. Née au Japon — un pays qu’elle considère comme suspendu entre l’Orient et l’Occident — elle explore les relations et parallèles entre les traditions architecturales occidentales capitalistes, orientales socialistes et japonaises. Ses recherches couvrent l’architecture brutaliste de l’Occident, le constructivisme influencé par l’Union soviétique à l’Est, ainsi que le mouvement métaboliste japonais. En recourant à des matériaux fragiles et délicats, à rebours de la robustesse traditionnelle de l’architecture, Ono exprime la fragilité inhérente et la dimension fictive des idéaux utopiques.

Pièce maîtresse de l’exposition, l’installation intitulée Nebula présente un agencement de céramiques rappelant une constellation, reliées entre elles par des tubes métalliques. Tout comme les traditions orientales et occidentales ont historiquement construit des significations différentes à partir des mêmes étoiles, les spectateurs sont invités à tracer leurs propres connexions entre ces corps célestes céramiques dispersés. Cette œuvre marque la récente exploration de Ono autour d’installations modulaires et évolutives, capables de s’adapter organiquement à chaque contexte d’exposition. Développée lors de sa résidence au Bemis Center for Contemporary Arts, la pièce s’inspire de ses recherches sur l’architecture brutaliste locale et se compose de douze formes distinctes, répétées, inspirées de bâtiments environnants. Chaque élément en céramique a été réalisé selon une technique de cuisson au bois en extérieur, produisant des surfaces uniques, semblables à des galaxies, qui ont servi de point de départ conceptuel à cette exposition.

Les œuvres bidimensionnelles de grand format que Ono a développées au Lower Manhattan Cultural Council, intitulées Floating, évoquent la forme de la Voie lactée en représentant des grappes d’architectures fictives à travers le dessin et le textile. Comme mentionné précédemment, dans la mythologie d’Asie de l’Est, la Voie lactée — appelée Rivière Céleste — est liée à la légende d’une tisserande et d’un vacher, séparés par la rivière céleste et autorisés à se retrouver une fois par an par décret divin. Inspirée de ce récit, Ono présente ses dessins par paires : l’un réalisé en soie tissée, l’autre sur un papier semi-transparent. La pièce en soie a été produite en collaboration avec Watabun, une entreprise de textile Nishijin établie de longue date à Kyoto, qui a traduit un dessin en une étoffe finement tissée. Cette œuvre fusionne l’artisanat traditionnel japonais avec l’histoire de la tisserande mythologique.

En complément du tissage, trois sculptures en céramique en forme de bobines de fil, intitulées Moirai, font référence aux déesses grecques du destin : l’une file le fil de la vie, l’autre en mesure la longueur, et la dernière le coupe. Ailleurs dans l’exposition, une constellation fictive composée de formes architecturales — inspirée d’étoiles visibles depuis New York dans les quatre directions cardinales au cours d’une même nuit — est explorée à travers une série de dessins intitulée Cartography.

En suivant les fils tissés à travers les médiums et les mythologies, l’exposition propose une synthèse de cadres d’interprétation du monde variés — entre Orient et Occident, entre idéologies géopolitiques — en réimaginant le langage architectural au sein de systèmes célestes. Par ce processus, Ono ouvre un dialogue transhistorique et transculturel, invitant les spectateurs à envisager le ciel comme un espace partagé, où coexistent des systèmes de sens divergents.

Remerciements particuliers à Watabun Co., Ltd., au Lower Manhattan Cultural Council et au Bemis Center for Contemporary Arts pour leur généreux soutien à cette exposition.